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Depuis la période coloniale finissante, le roman africain d'expression française a porté les espoirs et les déceptions d'un continent tiraillé entre panafricanisme et nationalisme, patrimoine traditionnel et modernité, courants séculiers et religieux. Que signifie le choix d'écrire des romans en une langue de colonisation qui est aussi, dans les sociétés multiethniques du Mali, du Sénégal ou encore du Congo, une langue fédératrice auréolée de prestige? Quels publics les romanciers visent-ils à atteindre, et à quel point la forme romanesque permet-elle d’exposer des griefs ou de dénoncer des états de fait tout en faisant apparaître des alternatives? Nous éclairerons, en étudiant des auteur.e.s francophones d’Afrique noire, trois temps forts: l'éveil politico-culturel menant aux indépendances d’abord (Kane, Oyono, Ouologuem, Kourouma); la construction de nouvelles identités africaines ensuite (Sembene, M. B , Sony Labou Tansi); et enfin, les violences génocidaires au Rwanda qui laissent, sur les consciences et les corps, des marques indélébiles (Tadjo, B. Diop, Mukasanga).